Aaricia :


Un soir de solitude,
je lisais encore un ouvrage sensé m'instruire, alors que je rêvais de descendre de l'étagère tout ces merveilleux contes que contenait la bibliothèque royale…Je poussais un long soupir d'agacement et repris ma lecture de " Histoire d'Alcadhil depuis la nuit des temps " A quoi cela pouvait il bien servir si chacun avait oublié son existence ? Que messœurs pouvaient être exigeantes envers moi…Je soupirais à nouveau, puis me levais du siège en bois couvert de velours rouge flamboyant. Je commençais à me promener entre les rayons à la recherche de légende et mythe peuplés de princes charmant, de fées et de dragons… Je pris un volume relié d'un cuir rouge décoré d'arabesque dorée " Mythes et légendesd'Alcadhil " *Bien plus intéressant que la vie des anciens rois* pensais-je tout en esquissant un petit sourire.

 

Je promenais ma main sur ces gravures anciennes mais relativement bien conservées…Je tournais la première page et vis avec déception qu'il était écrit en une langue étrangère que je ne connaissais pas… *Alors pourquoi le titre était il écrit en nouvel Elfique ?! *Je tournais a nouveau la page et découvris un magnifique dessin représentant un courageux chevalier partant délivrer une belle princesse prisonnière d'un immense dragon.

 

Il était captivant, surtout ses yeux d'un noir profond, je me surpris à rêver à un tel homme …Je refermais brusquement le livre et le reposais dans l'étagère*Les beaux princes n'existent que dans les contes*me dis-je avec un petit pincement au cœur. Prenant ma bougie, je sortis de la bibliothèque et me dirigeais d'un pas rapide vers ma chambre .Je ne cessais de penser au magnifique regard du guerrier de la gravure et cette obsession me poursuivit jusque dans mes rêves.


Thorgal :


"Ô rêve d'amour éternel
Façonnant d'une étincelle
Un chemin vers les étoiles,
Enveloppe ma belle princesse
D'anges gardiens pour son cristal,
Ouvre chemin conduisant à déesse"


Le jeune seigneur que j'étais, griffonnait ces quelques proses avant de rejoindre par là même, le pays des songes. J'étais, malgré mon jeune âge, un maître dragon, héritier mystérieux du seigneur Colition. Un soir de solitude, j'étais allé m'allonger en dehors de mon château, près d'un lac. J'avais pris avec moi, mon arc, des flèches, une plume et des parchemins. Mon grand rêve éveillé était de rencontrer la princesse qui toucherait le plus profond de mon cœur. Au delà de la nature qui m'inspirait et me donnait de la force pour commander mes troupes, l'encre qui s'écoulait de moi était tourné vers cette aspiration. Alors que mes yeux noirs intenses étaient tournés vers les étoiles, près des eaux calmes du lac, après avoir déposé ma plume, dans le reflet des ondulations célestes, je m'assoupis.

"Dormez dans la quiétude cœurs aimants,
Votre sève surmontera n'importe quel tourments
Pour accomplir le destin qui vous rapprochera,
Si une larme vous verserez… un goût de bonheur elle aura "

Le vent en murmure berçait les Daifeniens par ces quelques paroles.

 

Aaricia :


Pendant mon sommeil, je me mis a rêver :

Je voyais le jeune homme de la gravure étendu près d'un lac, occupé à écrire quelques poèmes avec près de lui son arc Je m'approchais mais il ne semblait pas me voir…Je m'approchais encore jusqu'à pouvoir caresser ses doux cheveux longs et noirs. Je murmurais alors quelques mots à son oreille. " Quel est ton nom beau chevalier ? "

Il se retourna brusquement dans ma direction, cherchant du regard qui lui avait parlé…Ne voyant personne il du se dire qu'il avait rêvé …Maisje lui dis doucement " Tu ne rêves pas mais tu ne peux me voir, alors ne me cherche pas du regard… "

Je continuais "Vous ne m'avez pas répondu, quel est votre nom ? "


Thorgal :


Malgré la voix, je plissais les yeux en la direction de ce qui me semblait une douce symphonie. Je ne savais plus où était les frontières de la réalité, du rêve... L'effet qu'avait sur moi la voix fit plier ma raison, et je finis par lâcher ces quelques paroles, me forçant pour ne pas bégayer :


"Ô ! Apparition angélique
Toi que je ne serai voir
Et qui par quelques mots
Fait mon inspiration épique,
Tu donnes à mon coeur moult espoirs
Et si je ne sais dans ces eaux
Où se trouve ton reflet,
Mon âme son nom va prononcer,
Celui qu'à la naissance m'ont donné
Deux personnes unies dans la même volonté :
Thorgal je me suis fait appeler..."


Mon coeur battait la chamade, les battements s'accéléraient, de plus en plus vite... Je perdais le contrôle de moi même. Je me levais, m'approchais de l'endroit où se trouvait l'apparition invisible. Comme si je pouvais la sentir, de ma main, j'effleurais son visage. Je m'agenouilla, cueillis une fleur des lacs, que je tendis en sa direction. Celle-ci fit de même... le rêve continua sûrement, mais lorsque les premiers chatouillement du soleil arrivèrent sur mon visage, ils me réveillèrent, je ne me souvins que de ce que je vous raconte ici... Seule une fleur qui reposait dans ma main, était là pour m'évoquer l'étrangeté de ce qui s'était passé...


Aaricia :


Le lendemain en me réveillant, je sentais encore le parfum de cette magnifique fleur que le chevalier m'avait offert… je ne me souvenais plus de son nom seulement de ses magnifiques yeux…

" AARICIA !!!! "

*Mince, Lili arrive …* " AARICIA !!!Debout fainéante !!! " J'attrapaisun énorme oreiller et me cachait derrière la porte…

" AARICIA !!!!! Tu vas avoir la fessée !!! " Dit elle en rigolant et en ouvrant la porte. Je lui assenais un coup de coussin sur la tête en éclatant de rire à l'idée de pouvoir recevoir une fessée à mon age .J'avais 18 ans et Lili 21 mais nous nous amusions comme deux gamines de 5 ans. Ses oreilles se dressèrent un peu plus encore et elle me regarda d'une manière si étrange que je m'écroulais de rire. Voyant que je me moquais d'elle, elle entreprit de se venger et couru après moi dans la chambre jusqu'à ce que je demande pitié sous la torture des chatouilles…*Des gamines vous disais-je*

Je m'asseyais à coté d'elle sur le lit et lui racontait mon rêve, elle m'écouta attentivement et conclus par : " Tu es amoureuse d'un rêve, sors toi cette image de la tête … "

Mais en disant cela elle n'avait pas l'air sur d'elle, elle ne me regardait pas en face…* J'apprenais plus tard qu'elle avait vu son Nuhmak dans un rêve …Pitite cachottière* Elle cachait sûrement quelque chose.

" Allez viens prendre le petit déjeuner jeune folle. " dit elle tout en me faisant un clin d'œil. Je m'habillais rapidement et rejoignis mes deux sœurs.

Apres avoir mangé, j'allais dans la bibliothèque et regardait l'atlas des plantes. Je remarquais immédiatement la fleur a larges pétales rouges et bleues appelée Liria, mais celle-ci ne poussait qu'en Opledhil, un territoire qui m'était inconnu. Je cherchais alors son emplacement sur la carte de Daifen et le découvris… Quelle ne fut ma déception quand je m'aperçus qu'il était bien trop éloigné et que je ne pourrais sans doute jamais y aller…Je m'affalais dans le siège en bois et mis à pleurer à chaudes larmes…Peu après je m'endormis , les yeux rouges. Je me retrouvais à nouveau sur Opledhil et je vis au loin un château . Il m'aurait fallu une demi journée pour l'atteindre a pied, mais je fis recours à mon anneau qui me fit accourir un magnifique cheval blanc .Je montais lestement dessus et partit au grand galop en direction du château . Quand je passais devant les gardes du château , ceux-ci ne me virent point mais l'un dit a l'autre " Tiens le cheval du Seigneur qui s'est enfui! it avant " Voyant que le cheval rentrait tout seul , ils ne firent aucun mouvement pour l'arrêter et continuèrent a veiller au dehors. Dans l'écurie j'entendis du bruit alors que je ramenais le magnifique destrier. Je montais une petite échelle et me cachais dans le foin et regardais en bas. Deux hommes venaient nourrir la monture et discutaient entre eux.

" Suis-je bête ! Ils ne me voient pas, je n'avais aucun besoin de me cacher. "

" Bonjour jeune demoiselle. "

Je me retournais brusquement et aperçu le beau jeune homme de la veille.


Thorgal :


Nos noisettes se recentrèrent. Nous eûmes l'impression comme d'un éclair qui nous transperça jusqu'au cœur. Nos pensées fusèrent, les questions se bousculèrent au siège de ma raison, assailli aussi par la soudaine émotion.

"Que faites vous ici ? Je ne vous ai jamais…" J'avais commençais à sortir de ma bouche ébahi ces quelques mots, mais les derniers moururent dans le silence du rêve qui me revenait. Au petit matin je n'avais eu de cesse de me torturer l'esprit avec ce qui m'était arrivé essayé de trouver toutes les raisons inimaginables, à commencer par la plus rationnel, le somnambulisme, phénomène qui aurait expliqué la présence d'une fleur à mes côtés. Mais là, ce qui s'émanait de la jeune demoiselle, ce que j'éprouvais à être ainsi proche, me rappelait ce "fantôme" à qui j'avais prononcé mon nom… Elle me murmura juste : "Oui c'est bien moi…"

Une envie soudaine de me blottir dans ses bras m'assaillait. Je ne pu et je ne du y résister plus longtemps, et d'ailleurs, comme si elle ressentait la même attirance, les prunelles de ma déesse qui semblèrent fondre dans les miennes, me montrèrent qu'elle aussi était sous le charme. Ainsi, sans trop savoir comment, nous nous retrouvâmes à rouler l'un sur l'autre dans le foin, riant sur le coup du trop plein, comme deux enfants qui se cherchaient


"Ô doux amoureux,
Vous qui d'étoiles vertes
Du cœur avez fait vœux,
Que vos âmes se trouvent,
Que votre destinée soit fête,
Que d'alcôve éternelle votre vie se couve"


Nos lèvres finirent par se rencontrer, nos corps à se dénuder, lorsque soudain des cornes de brumes retentirent. Une alarme sans nul doute, qui mis fin à notre ébat. De plus, une force irrésistible semblait pousser mon ange hors de ce château, et je ne semblais avoir aucun pouvoir sur elle pour la retenir. Nous enragions de cette situation. Deux larmes
coulèrent de ses yeux.

"Seigneur Thorgal ! Que faites vous ainsi à demi dévêtu dans le foin, lorsque vos troupes vous attendent ? Vous n'ignorez pas qu'une offensive se prépare contre notre royaume ? " C'était mon bras gauche, Supramichoko qui m'interpellait, et qui était venu me soutenir contre des assaillants, et pour lancer une offensive.

"Va, va, mon, mon bon ami, je te rejoindrai plus tard…" Je réalisais que j'étais le seul à pouvoir la voir… Je devins un peu confus… Avais-je devant moi une apparition divine, ou un fruit de mon imagination ?
"Trop beau pour être vrai…" Me dis-je le temps d'un battement de dragon… mais lorsque mes yeux revinrent sur elle, la voyant s'éloigner, mes rougeurs disparurent et je repris mes esprits.

Du petit sac qui était accroché à mon ceinturon, posé près de l'échelle, je sortis un voile en toile, qui contenait la Liria. Je la pris dans ma main, accouru vers ma divinité en larmes, je la mis délicatement dans ses cheveux, l'enlaça, et l'embrassa langoureusement. Un autre battement d'ailes de dragon plus tard, elle se retrouvait en selle sur le cheval blanc. Alors que le cheval commençait à partir, son visage sembla exprimer une révélation… révélation que je dus partager, car, de ses pétales de roses, sortirent les quelques mots que j'attendais… "Aaricia, princesse de… " me dit-elle…

le reste je ne pu le déchiffrer, elle le garda dans ses pensées, le cheval galopait déjà, et l'agitation ambiante, était telle, que toute conversation devenait impossible à la distance qui maintenant nous séparait. L'envie de prendre à mon tour un cheval, d'accourir à elle, de m'échapper avec elle, me tenaillait, mais la pensée du visage inquiet des villageois qui comptait sur moi, me ramena à la raison…

"Aaricia… prénom d'une ange,
Tu es entrée dans ma vie d'une façon bien étrange"

A l'endroit où elle avait versé deux larmes, je retrouvais des perles, deux perles d'amour. Dans ma tête sa voix raisonnait "à bientôt mon amour…" …


"Princesse, ma princesse Aaricia,
Ange au prénom d'ange,
Au nom du souffle du dragon,
Nul être sur Daifen de moi, ne te voleras,
Et dus ai je en paraître étrange,
De ces perles dont tu m'as fait don,
Que je porte au creux des mains,
Mains qui n'ont pu te retenir du lointain,
J'en ferai un collier,
Qu'à l'arc je porterai,
Chimère ou rêve fugace je t'attendrai,
Terre et ciel je remuerai… oui ! Je te retrouverai…"


Mes dernières paroles raisonnaient en moi, comme si une ombre subsistait. Une partie en moi doutait non seulement de l'origine des perles que j'étais en train d'envelopper, mais surtout du sort qui m'attendait. Je remis mes vêtements en place et lorsque je descendis enfin de l'échelle, les gouttes de pluie que je voyais tomber à travers la porte de l'écurie, ne donnait d'ailleurs de meilleurs présage. "Assez de superstition…." Me dis je… Cependant, lorsque j'eus franchi la porte, mes yeux se tournèrent vers le ciel, un arc-en-ciel se dessinait. De plus, et surtout, les perles étaient toujours présentes, à la place de la fleur. Non, ce n'était pas une illusion. Je ne pus réprimer un soupir de soulagement, et c'est le cœur léger, que j'allais accomplir mon devoir de commandeur.


Aaricia :


Le cheval galopait vers la forêt resplendissante…puis, tout a coup, je me retrouvais dans ma chambre, les yeux grands ouverts, le cœur battant… Des larmes coulaient lentement le long de ma joue…

Le soir, au dîner, Lili nous annonça qu'elle partait voir le monde, ce qu'il devenait et pourquoi pas conquérir un royaume .Cette nouvelle nous attrista ma sœur et moi mais nous savions que c'était nécessaire. Deux semaines plus tard, elle était partie en lui faisant adieu, j'essuyais discrètement quelques larmes … Durant ces deux semaines je n'avais point revu Thorgal et mon cœur languissait de le revoir, mais je n'arrivais plus a le voir dans mes rêves .Que se passait-il ?M'avait-il déjà oubliée ?! Les plus folles suppositions courraient dans mon esprit …

Etait-il mort ?...

Laurelei vint me voir un soir et me dit :
" Elle reviendra bientôt, ne t'inquiètes pas … "

Elle pensait que j'étais triste uniquement pour Lili . Il est vrai que je n'avais parlé de mon rêve qu'a Lili, mais je décidais de me taire et lui répondis, avec une voix faussement joyeuse :
" C'est vrai, mais elle me manque tellement. "

Elle me fit une bise sur le front et sortit en murmurant :
" Bonne nuit petite sœur, j'ai encore un long travail devant moi… "
Sur ce, essayant d'oublier ma peine, je m'endormis profondément.

Je me retrouvais alors sur les terres d'Opledhil…Un large sourire se dessina sur mon visage et j'appelais a nouveau le cheval blanc. J'apercevais au loin les lueurs émanant du château de Thorgal et, le cœur léger, je donnais deux petits coups de talon au destrier qui s'élança et fila aussi vite que le vent…Je passais devant les gardiens mais ils remarquèrent a peine le cheval Je descendis du cheval et me dirigeais vers une pièce éclairée par de fortes lumières, je m'approchais et découvris avec stupeur Lili et Thorgal …ensemble…

Mon cœur se déchira et je partis en hurlant mon désespoir … Je tournais quelques instants en rond, perdue et tombais par terre, ce qui me fis reprendre mes esprits, mais la douleur revint, encore plus forte. Ce court délai laissa le temps à Thorgal qui m'avait entendue, d'accourir à l'extérieur et de m'attraper le bras alors que je cherchais à quitter cet endroit le plus rapidement possible.


Thorgal :


"Non, par le frémissement de la peau, ne part pas encor si vi…"
Mon cœur fit silence lorsque les yeux d'Aaricia embués tel un dragon battu, mais sans l'effet secondaire du crachat de flamme, se posèrent sur moi. Quelle douleur avait pu pénétrer aussi profondément dans son âme, au point d'être… au point que j'en perdais mes mots et que cette tristesse me gagnait, faisant place à la joie immense qui m'avait habité à la vue de cette ange. De certains pourraient penser que j'emploie ici des images dithyrambiques, mais aussi vrai que les licornes existent, que la liqueur d'abricots sauvage distillé dans du sang de troll vous réveille un mort, nos émotions étaient belles bien celles là. Elles avaient "tout simplement" la puissance de l'amour. "Que faisait ma sœur ici…?" Dit elle en versant une larme. Dans ses paroles se mêlaient un zeste de rage, de dépit. "Votre sœur ?…Oh…." j'eus une révélation… comment avais je pu ne pas m'en rendre compte. La ressemblance entre Lili la sauvage et Aaricia était pourtant évidente…

"Je… ce n'est pas ce que vous vous êtes imaginé, j'en ai bien l'impression…"

Je ne pu allé plus loin dans mes explications. Mon corps était torturé de ne pouvoir être contre elle, de ne pouvoir sécher ses larmes, et malgré la peur qui me prenait aux tripes d'un rejet de sa part, je m'approchais un peu plus d'elle, commençant à frotter ses bras endoloris par sa chute. Elle se blottit contre moi, je bu sa larme, puis irrésistiblement nos lèvres se recentrèrent. 


"Ô âme aimante, de la rivière
Où coule larme vers ton cœur sincère,
Que l'écume de mes passionnelles pensées
De mon siège par ta présence dénudé
Se déverse et balaye tes doutes,
Que tes joues le soleil goûtent"


"Je ne vous savez pas aussi Fripon sir Thorgal et surtout autant en manque…"
"De quoi ?…" Je me retournais. Un mercenaire rencontré dans une taverne il y a peu et qui avait accepté de rejoindre mon armée, était là, un sourire narquois aux lèvres.
"Ro…." Je ne pu empêcher cette syllabe de sortir de ma bouche. Je décidais de l'ignorer, et de toute façon Aaricia reprit toute mon attention, il faut dire qu'elle commençait à effleurer de ses mains mon bassin. Mais le mercenaire insistant passant devant moi, je ne pu décemment offrir en retour à ma douce l'attention qu'elle méritait. Nous décidâmes d'un commun accord, du regard, de quitter cette ruelle tortueuse. Nous déambulâmes au clair de lune, jusqu'à la pièce ou Lili m'attendait. Elle ne m'avait pas attendu pour écrire un lettre à l'attention de quelques seigneurs voisins, et pour mettre en place un plan d'expansion. Elle était bien décidée à me soumettre son dossier, lorsqu'elle me vit rentrer main dans la main avec sa sœur. Je fus qu'à moitié surpris, et surtout soulagé de voir qu'une autre personne pouvait voir la princesse qui avait élue domicile en moi. Pendant que nous étions dans l'entrée, malgré la lumière tamisée, je distinguais le regard de braise stupéfait! de mon amie Lili. Sans me retourner je pouvais sentir le regard lourd de sens qu'avait Aaricia, encore soupçonneuse. La voix des battements, l'affection qu'elles se portaient l'une à l'autre prit vite le dessus, et le plaisir des retrouvailles pu avoir lieu…


Aaricia :


Lili me regardait encore avec étonnement mais se souvint de mes paroles… Elle avait l'air réellement épanouie et ses yeux reflétaient une lumière que je n'avais encore jamais vue en elle. Tous les trois nous discutâmes encore longuement, jusqu'à ce que le soleil se lève à l'horizon. Je me levais et Lili me suivit au dehors. Je la regardais encore et m'aperçus soudain…était-ce possible ?!! Non…et elle ne nous avait rien dit… Elle aperçu mon regard sur son ventre et rougit jusqu'à la pointe de ses oreilles…
" Je ne sais …comment…. "
Je l'interrompis en lui faisant deux bises sonores sur les joues.

A ce moment je me réveillais sur Alcadhil et m'élançais hors de mon lit, telle une gazelle je courus vers la chambre de Laurelei en hurlant de joie. Elle me regarda entrer dans sa chambre avec les yeux ronds et bien éveillée. Je lui expliquais rapidement ma joie subite …que nous partageâmes quelques instants plus tard toutes les deux ensembles.
Soudainement elle s'arrêta :
" Comment sais-tu qu'elle attend un enfant ?! "
" C'est que…j'ai pu….communiquer avec elle dans mes rêves… "
Elle me scruta étrangement :
" Et pourquoi n'y arrive-je point ? "
" Je ne sais pas, désolée …Mais je te dirais tout ce que j'apprendrais, pour l'instant en tout cas elle va bien et ses attaques n'on pas été vaines. "
" Sais tu qui est le prétendant de Lili ? "
" Je n'ai pas eu le temps de le lui demander… "
" Nous verrons bien… "

Sur ce, elle me fit une bise sur le front et marmonna qu'elle devait déjà se mettre à la tache difficile qui est de gérer le royaume, me laissant seule dans la chambre .Je retournais dans la mienne et tentais de m'endormir. Mais j'avais beau ne plus penser a rien, mes yeux refusaient de plonger dans le sommeil. Je me levais alors et descendis aux cuisines chercher un puissant somnifère que j'absorbais immédiatement. Ce geste idiot me valu de ramper jusqu'à ma chambre, mais je réussi a monter sur mon lit et a m'assoupir profondément. (Ce qu'il ne faut pas faire pour voir sa sœur…)

Je me retrouvais a nouveau en pleine nature, mais cette fois ci c'était en pleine foret, près d'une cascade dont j'entendais l'eau s'écouler continuellement .Le galop d'un cheval me fit tourner la tête , puis un second et des hurlements…

Je me précipitais vers les bruits et cris en courant, prête à aider une quelconque personne en danger. J'aperçus entre les arbres le premier cheval qui n'était autre que Flamme l'étalon de Lili, poursuivie par un deuxième sur lequel était un Orc .Elle galopait dans une clairière, tentant d'échapper au monstre qui la poursuivait…

De là où j'étais je ne pouvais rien faire, même pas hurler, ma voix ne résonnait plus de tout mon cœur j'appelais le cheval blanc mais celui-ci ne venait pas…Enfin il arriva mais c'était trop tard, ma sœur et son poursuivant avaient disparu dans la foret, seuls ses hurlements me restaient dans la tête, comme une longue et lourde accusation….

Je galopais rapidement vers le château de mon bien-aimé afin d'y trouver de l'aide .Je le recherchais dans tout le château et le trouvais finalement dans le foin…


Thorgal :


Après l'évanouissement d'Aaricia, et le départ de Lili, j'étais allé me reposer dans le foin, là où notre première rencontre au sein du château avait eu lieu. Je m'étais assoupi avec le visage de ma douce brillant d'étoiles jusqu'au fond des pupilles, et surtout soulagé de savoir qu'elle était belle et bien réelle. Nous avions d'ailleurs discuté à ce propos, et nous étions arrivé à la conclusion qui s'imposait… une bonne fée à l'écoute du vent qui transportait le désir que nous avions de nous rencontrer, avait du exaucer en avance le destin. Bénit soit elle au nom des dragons, j'étais embaumé de bonheur…

Malgré la joie qui m'habitait, un goût âpre s'insinuait en moi. J'étais entouré de mes fidèles paladins près des tours de garde, pendant qu'une horde de chasseur de géants et de danseurs de guerre, se profilaient à l'horizons, trop nombreux pour que nous puissions résister. Les dés semblaient être jetés, et mon inutilité à changer le cours des choses, le sort funeste qui arrivait, commençait à me torturer. Les nuages dans le ciel devenaient noirs. Je ne pouvais m'empêcher de remuer dans tous les sens.

Aaricia me trouva à ce moment. Elle était dans les abîmes, angoissée au plus profond d'elle même, que dis je plongée dans une tristesse infinie. Elle ne réussissait à chasser le goût amer en elle, et lorsqu'elle me vit ainsi, son mal d'estomac s'intensifia. Elle espérait trouver en moi un soutien, et de par cette situation, elle devait se soucier en plus de la meilleur manière de me tirer des limbes tortueux dans lesquelles j'étais plongé. Elle décida de s'agenouiller de manière à bloquer mes jambes, et posa dans un geste vif, ses mains sur mes bras, pour m'immobiliser au mieux. Je continuais néanmoins à bouger encore un peu la tête. 

Les nuages noirs semblèrent tout d'un coup laissé place à une éclaircie, un frisson me parcouru à l'arrivée des premiers rayons. Puis tout s'illumina, en compagnie d'une voix qui s'approchait de mes oreilles. Elle murmurait mon nom… "Oh, mais, c'est…"

"AARICIA !!!!!!!…."

Par la volonté, je forçais mon réveil, mes yeux grands ouverts croquaient ses yeux. Elle lâcha prise, mais sa mine triste bloqua mon élan pour partir dans un jeu de roulade. J'allais aussi lui demander si elle était encore de visite par voie de rêve, mais je compris que quelque chose ne tournait pas rond. Je n'eus d'ailleurs le temps d'ouvrir la bouche, elle pris l'initiative de la parole, d'une manière somme toute peu habituelle :

"Toi qui hante de merveilles mes nuits et le jour fait mes pensées
tendresses, toi qui comble de soleil et d'arc-en-ciel les paysages de mon
cœur en ivresse, Toi qui à en l'âme pouvoir sur mes larmes, toi qui est
blessé et torturer à la seule idée de me perdre, ou de voir tes élans
hors de mon empire bouté, Avant de ta bouche embrasser, j'ai une question
d'état à poser…"

Sa requête me laissa bouche bée. J'allais lui répondre quelque chose comme "oui, ma mie", ou "je suis tout ouïe", mais après de telles paroles, je me refusais à les gâcher par une piètre rhétorique, et surtout, il fallait qu'elle s'exprime, son regard était redevenu froid et terrifiant. Mais une larme de sa joue coula. " De toute façon c'est déjà trop tard…" me dit elle… "Qu'est ce qui est déjà trop tard?…" Elle n'arrivait plus à parler, elle était paralysée… Je ne vit qu'un moyen pour la détendre. Je ne fit qu'acquiescer tout en la prenant dans mes bras et la câlinant. Ses mots et maux, son chagrin s'évaporèrent au fur et à mesure que je la dévêtit , en prenant soin de fleurer ses zones sensibles. Elle fit de même avec mes vêtements et nous nous offrîmes un temps de volupté que je ne décrirai point pour ne choquer votre chaste raison. La montée au septième ciel consommée et consumée, sur le foin encore chaud de notre ébat, nous commençâmes à discuter de ce qui l'avait préoccupé !

Elle m'expliqua avec fébrilité son aventure près d'une cascade, la vision de sa sœur avec un Orc. Elle pleura, la tête entre ses genoux à la fin de son histoire, se disant que tout était perdu pour Lili. Pour moi cela ne faisait aucun doute, c'était Uhmak, son Orc chéri qui la poursuivait, ils avaient fait un jeu d'amoureux. Ainsi, quand elle eu finit, elle fut surprise de ma non surprise, et de voir au fond de mes yeux une lueur de joie. J'essayais de lui faire comprendre que sa sœur était amoureuse d'un Orc, que tout deux se comptaient fleurette. Elle ne mettais pas en cause ma parole, mais étant d'us et coutumes que ces barbares poilus soient les pires ennemis des elfes, elle avait bien du mal à comprendre, à inclure dans son esprit, cette possibilité, d'autant plus à cause du cri rageur. Je lui fit comprendre, que ces deux là ne s'aventuraient jamais à la cascade l'un sans l'autre et je décidais de lui déballer tout, lui parler du dilemme quasi insoluble, qui allait m'attirer les foudres de sa sœur :

"L'orc que tu as vu se nomme Uhmak. Il est un valeureux guerrier adepte de l'ombre et adorateur de Grullll. Lili s'était dévouée pour infiltrer les rangs ennemis, mais lorsqu'elle et lui se sont rencontrés, lors d'une soirée à la taverne, ils ont flashé l'un sur l'autre et à la suite de la soirée ont échangé des pigeons, ont multiplié les rencontres intimes prêt de la cascade que tu as vu. D'ailleurs, maintenant que j'y pense, si jamais nous sommes à nouveau séparé pour une trop longue période je pourrai t'envoyer des lettres te donnant de mes nouvelles par pigeon transcontinentale…"

"Amoureuse d'un orc ? On aura tout vu…. Et mon Thorgalinou, ne t'écarte pas du sujet veux tu…" me dit elle d'un sourire à moitié convaincue. 

"Oui… bon, en tout cas, si tu les aurait vu ensemble, ils sont mignons tout plein à se grullller dans l'herbe et à se faire des mamours… les temps changent et tu sais bien que les voix de l'amour sont impénétrables… mais mon problème, c'est que nos alliés veulent attaquer ses terres. Je ne peux pas les en empêcher, ni participer à sa défense, en me retournant contre les miens. Je n'ai pas encore avoué cela à ta sœur et j'ai grandement peur de perdre son amitié…

Aaricia : "Suit ton cœur, n'est-ce pas l'adage des poètes ?… même en guerroyant de la sorte, tu peux prendre les meilleurs décisions…" 
Thorgal : "Oui, mais non… dans nos alliés il y a mon frère, et un ami que je dois aider pour la reconstruction de son royaume et qui m'envoi du soutient. D'ailleurs c'est le seigneur que tu avais vu, celui qui nous a surpris ici même. Ensuite, et cela pèse non pas des moindres dans la balance, nous en sommes tous à nos premières années de règne, et sommes de par là dépendant de seigneurs plus puissant, contre qui nous pensons ne pouvoir nous rebeller. Au final, le plus sage, j'en suis quasi convaincu après ma rencontre avec ce sir, et maintenant que je t'en reparle, c'est qu'il faut que je participe à l'attaque de son royaume."

Aaricia : "En tout cas il serait bien que tu partes à sa recherche après mon départ…"

Aaricia sembla de nouveau assez contrariée, pour le doute qui subsistait, et par compassion pour Lili, et dans ses yeux, sa réaction à la pensée de ce que j'allais faire, multipliait par la force des sentiments de sa soeur pour Uhmak, j'extrapolais la réaction à laquelle j'allais avoir droit. Je ne savais comment j'allais pouvoir passer ce cap. Nous finîmes par nous enlacer, et fermer les yeux, afin de garder trace de notre trop rare présence mutuelle.

Au bout d'un moment je ne sentis plus sa présence, j'ouvris les yeux, et, je vis le cœur serré et à moitié brisé, la disparition de ma déesse. Il ne me restait que son odeur, la fragrance d'un alcôve divin dont j'étais imprégné. L'esprit valsant du lourd au léger, je du me lever et allé écrire des missives et achever mes plans.

"Destin funeste aux dessus de têtes amies,
Briseras tu dans les rouages de la vie
Des liens qui petit à petit se sont construit ?

De sordides choix tu me déchires,
Entre peuple, frère, alliés et amis
Je vais devoir sans écouter cœur choisir…

Destin, toi qui m'a amené la force
Du souffle, un sens aux battements,
Pourquoi donc d'un autre coté
Me prendre la joie qu'il m'a été donnée ?

Dus-ai je ne point en dormir, sortir de mon torse
Jour et nuit, à en blêmir, je trouverai au nom de mon sang,
Au nom du dragon, la solution qui m'aidera à sauver
Le sort de l'amour d'une amie, sans faillir au devoir qu'il m'a été
donné"



J'eus écrit ces quelques lignes après m'être posé sur le fauteuil de mon secrétaire. "Je me sens un peu plus libéré maintenant, merci madame l'expression… et même si nulle solution n'est encore trouvée, une lueur commence à naître en mes pensées" sur ces paroles je m'attabla aux missives…


Aaricia :


Thorgal avait eu beau me rassurer, je n'en étais pas convaincue , car de nature on m'avait décrit les Orcs comme fourbes et mauvais. Dès que je fus a nouveau sur Alcadhil, je m'empressais d'aller chez ma sœur et de lui raconter ce que j'avais vu. Elle tenta de me rassurer mais ses mains tremblaient et sa voix était blanche .Elle non plus ne voulait pas que je m'effraye…Notre discussion s'arrêta là et elle du reprendre comme à chaque fois les rennes du royaume qui avait maints problèmes… Depuis peu la famine sévissait dans l'ouest d'Alcadhil suite à la destruction des maigres récoltes des paysans par quelques bandits.

J'allais dans la bibliothèque du château et cherchais un livre sur les anneaux magiques, je trouvais enfin au bout d'une heure l'ouvrage dont j'avais besoin. Je m'y aventurais a l'aveuglette, ne connaissant pas le nom de mon anneau… J'eu beau relire l'ouvrage deux fois, je ne trouvais aucune allusion a trois anneaux frères …Je refermais le livre en poussant un soupir et regardait en rêvant la couverture de cuir sculpté et décoré d'or. J'étais en train de penser a Thorgal et tentait de me décrire ses yeux quand j'eu un choc…J'observais attentivement les trois anneaux gravés sur la couverture et m'aperçu avec étonnement qu'ils n'étaient autre que ceux que nous possédions me soeurs et moi .Quelques mots étaient inscrits a coté de chaque bague, je déchiffrais les quelques mots en ancien elfique, et tentait de me rappeler leur signification. Celui que je possédais était nommé Dolrimë, celui de Lili était Fireleïn et Laurelei possédait Aargael. Non sans difficulté je lus " Unis pour la puissance ", ce qui signifiait qu'ensemble ils pouvaient atteindre un grand pouvoir…

Soudainement Lili me revint a l'esprit, je me levais et regardais au dehors : il faisait nuit, mais la lune éclairait de toute sa puissance les plaines d'Alcadhil. La lecture avait fatigué mes yeux et je ne pensais qu'a une chose : retrouver Lili .Je m'assoupis rapidement dans ma chambre et me retrouvait sur un talus au dessus d'une large vallée, au dessous se trouvaient des centaines de lueurs. Instinctivement, j'appelais une chouette et lui demandais d'aller voir ce qui se passait en bas.

Elle descendit et remonta rapidement, me dit : 
" Ce sont là les armées du Seigneur Thorgal, elles se mettront bientôt en marche vers le château d'un Seigneur Orc "
Je lui fis porter alors un message à mon bien-aimé, lui donnant rendez vous sur le talus. Bientôt je le vis s'approcher et accourais vers lui pour l'embrasser.

Il me parut distant et voulu en connaître la raison mais il ne me dit rien de ce qui le tourmentait.


Thorgal :


Mon cœur préoccupait parce qui se tramait, ne fit qu'un bond à la vue d'Aaricia. Mais son visage me rappela aussi Lili… Lili… qu'était elle devenue. Cette même question, mon aimée me la posa évidemment.. Je ne sus que lui répondre. A l'évidence, elle était toujours en vie, et c'était bien le seigneur Uhmak qui avait été avec elle près de la cascade. La seule trace de sa survie, était les troupes qu'elle avait envoyée sur un autre seigneur. Ayant envoyé aussi de mon côté des généraux, j'eus la confirmation de ses activités. Ou alors quelqu'un avait pris sa place sur le trône ? Ou elle était allée aider Uhmak ? Je préférai ne pas faire part de mes questions sans réponses, et me contenta de répondre : "Lili ne peut qu'aller bien, mes rapports d'activités sur son royaume me le prouvent… elle a du prendre du large à cause du tourment que nous allions lui faire subir"… Aaricia fit mine de me croire, mais à son regard je compris que je n'avais pas été convaincant.

"Allons ma mie, je ne puis rester plus longtemps ici, il faut que j'aille rejoindre mes troupes…" Sur ces dernières paroles assez maladroite, je l'embrassais tendrement et…
"EUH ! Thorgalinou ! Tu sais que je peux venir avec toi ? tes troupes ne me verront pas ! …"
"mmm…. Oui tu as raison…"

Nous montâmes tous deux sur le cheval et partîmes au gallo au feu de camps. Plus nous approchions de celui-ci, plus il nous apparaissait une cité en feu, de par les flammèches qui dansaient au vent. Une fois arrivé à destination, je lui fait découvrir ce qu'était une armée, essayant de chuchoter et de me faire entendre uniquement par elle, étant le seul à la voir. Au loin nous pouvions distinguer le château d'Uhmak, éclairé par la lune. L'atmosphère d'agitation qui régnait sur la plaine se prolonger aussi dans ses enceintes. De par le nombre de nos alliés, elle comprit que le sire en face n'avait aucune chance. Quelque soit sa race, elle se dit qu'il ne méritait pas ce sort, d'autant plus si il était bien l'Orc d'amour de sa sœur. C'est alors qu'elle eu l'idée de génie d'aller en son château. Qui pourrait la voir ? Je lui offris de prendre mon cheval, tout en lui conseillant l'évidence, de le laisser à 100 pieds du château, et d'évoluer à pieds le reste du chemin (sauf incantation chamanique préparait une nuité à l'avance, et dans des conditions particulière, un cheval ne peut être rendu invisible, de plus l'invisibilité du cheval demanderait l'âme du cavalier)…Elle me prit dans ses bras, et parti aussitôt vers l'inconnu… Avant de fignoler avec les autres seigneurs présent les plans d'assauts, je regardais ma déesse, cheveux aux vents, braver le feu et le sang qui inlassablement se déversait en ces temps de guerres.

"Part, part ma douce princesse,
Tu as sauver mon cœur de l'oubli,
Peut être empêcheras tu un tragique destin…
Que le chatoiement de l'astre en ivresse
Guide tes pas, que la terre gardienne de nos vies
Se prolonge en ton bras, que soit d'amour la fin…"


Aaricia :


L'air frais me tenait éveillée tandis que je galopais lentement vers le sombre château dont l'ombre se profilait partout . Sur les remparts je pouvais voir quelques torches briller et se mouvoir lentement, sans doute les sentinelles qui guettaient le début de l'attaque. Au bout de quelques centaines de mètres je stoppais mon cheval et me mis en marche rapidement , tachant de rester silencieuse .Je me trouvais alors devant les douves , ne sachant comment franchir l'espace qui me séparait de l'autre coté.

Je me demandais comment j'allais pouvoir passer quand une légère brise me souleva lentement du sol…Je regardais avec étonnement dans toutes les directions mais me laissais porter doucement, jusque dans l'ombre d'une tour. Je n'apercevais aucun garde et me décidait à descendre plus bas, je repérais une échelle et gravis les quelques échelons qui me séparaient du sol. Il régnait ici une agitation et une tension peu agréable qui donnait lieu a des disputes entre ces Orcs bagarreurs et brutaux.

Je longeais le mur afin de ne pas bousculer l'une de ces créatures. Je regardais autour de moi et vis une étable vers laquelle je me dirigeais. Ici, aucune agitation, tout était calme et seuls quelques chevaux renâclaient dans leur box.

Soudain j'entendis un murmure venant d'au dessus de moi et quelques brins de paille tombèrent de l'estrade où l'on conservait le foin .Je montais sans bruit et découvris avec horreur Lili dans les bras de l'Orc qui la poursuivait la dernière fois ! Ce que m'avait dis Thorgal était donc vrai… Malheureusement…. Uhmak, puisque tel était son nom, étreignait Lili tendrement et posait sur elle des yeux remplis d'amour qui m'apparaissait flagrant.

Celle-ci fermait les yeux mais si ils avaient été ouverts, ils auraient été remplis de tristesse et d'amour mêlés. Revenue de ma surprise, j'appelais Lili doucement Celle-ci tourna la tête avec étonnement et me regarda de ses yeux tristes.

-" Lili… "

Elle se leva tandis que Uhmak l'observait de manière étrange, se demandant ce qui avait troublé sa bien-aimée et lui demanda ce qu'elle faisait. Elle se retourna, me fis une bise puis pleura sur mon épaule sous le regard médusé de Uhmak qui ne comprenait rien et croyait Lili folle.

-" Oh Aaricia, c'est moi qui t'ai envoyé le vent, mais a présent laisse nous seuls, j'aimerais profiter de ces derniers instants avec lui. Ne m'en veux pas s'il te plait…Je… " 

Ses derniers mots moururent dans une larmes et Uhmak se leva pour la prendre a nouveau dans ses bras et l'embrasser. Il regarda dans le vide,  ne vit rien mais, semblant comprendre, dit tout de même :
" Occupe toi bien d'elle quand je ne serais plus là pour le faire moi-même…Merci "

Sur ce, je les laissais et quittais l'étable .A nouveau le vent me souleva, jusqu'au dehors où je recherchais le cheval de Thorgal .Je le retrouvais en train de brouter tranquillement quelques brins d'herbe jaunie par la sécheresse des lieux.

Je me mis en croupe et galopais rapidement vers mon bien-aimé qui m'attendait quelque part sur le camp ...Je le trouvais finalement et lui racontais ce que j'avais vu. Il me sourit et m'embrassa tendrement...


Thorgal :


Plaisir intense, plaisir immense, elle était encore là. J'avais cru dure comme fer qu'elle allait encore s'évaporer. Sa présence me rendait euphorique "Wouououou…." Qu'importe si je pouvais passer pour fou, j'étais tout simplement Heureux. Après avoir embrasser Aaricia, elle s'apprêtait à me parler de ce qu'elle avait vu, mais je mis un doigt de ma main gauche sur sa bouche et lui montrais de la main droite ma tente. Alors que moult forgerons frappaient encore le fer pour faire des flèches et réparer des épées, que des paladins jouaient avec des archers et des chevaliers autour d'un grand feu, que les cuisiniers finissaient de ranger leurs ustensiles, que des troubadours composaient des aubades pour donner du courage aux troupes, et garder une trace de notre épopée, une personne observatrice aurait distinguée à travers tout ce remue ménage, à la lueur de torche accrochée sur un piquet, un seigneur tendant la main vers l'avant, et entrant dans sa tente, dont la tenture s'était soulevé avant qu'il n'y accède. Aarcia m'avait pris la main et les devants.

Une fois sous la tente elle me conta tout, Lili et Uhak ensemble, Lili pleurant. J'en eux le cœur serré. Comment pouvais je faire cela à une amie… Je me sentais mal… "Pourquoi n'abdique t'il tout simplement pas ?…" dit elle… "Cela arrangerait tout, mais non… la fierté des Orcs est trop forte, et ses troupes n'accepteraient jamais de baisser les bras fasse à nous…"

Nous étions assis l'un en face de l'autre. Mains dans la main, tout en parlant. A mes dernières paroles, je mis ma main droite sur sa joue. Elle ferma les yeux…  

"Et puis de toute façon, si il lui arrive malheur, à tout grand Orc est réservé l'honneur des incantations shamaniques… ceci ne marche pas à chaque fois et dépend de nombreux éléments, mais bon…"

Aaricia plissa le front, elle n'était pas du tout rassurée. Je lâchais sa dernière main et lui près l'autre joue de l'autre main. Je laissais mes doigts glisser sur sa chevelure et l'embrassa... Après avoir éteint le brasier à l'intérieur de la tente, rangé mon armure sur le coté, mis en place un nid douillet, grâce aux étoffes de lin que j'avais emporté, nous nous endormîmes enlacés. Bien entendu, lorsque j'ouvris les yeux Aaricia n'était plus là… Mon cœur était redevenu léger. Mais s'est avec peine que je mis mes vêtements, mon armure, que je pris l'épée, et que je sortis de la tente. J'appréhendais ce moment avec une infinie amertume. Lorsque nous nous mimes d'accord sur les derniers plans de bataille, la stratégie à adopter, avec mon frère, le sire Wonderstephane, et les seigneurs Supramichoko, Red Vicious, Isel le Hardi, et quelques autres généraux, nous levâmes le camps, et donnions nos ordres pour faire route vers la victoire.

Les troubadours, au rythme des battements de tambours, chantaient des ballades, essayant de se faire entendre malgré le bruit des sabots, des chariots.

 

En face, nous pouvions distinguer les tours de garde, les barricades, des vigies préparant l'huile bouillante. Mon estomac se fit de plus en plus lourd, j'imaginais Lili avec son Uhmak derrière toute cette agitation. Puis tout alla très vite. Une fois pied à terre, l'assaut fut donné, et lorsque les premiers rayons de soleil s'élevèrent derrière les remparts, se déversant sur toute la vallée, les cris des guerriers et des orcs agonisant raisonnaient déjà. Tel un échos ils résonnèrent encore longtemps de par delà mes tympans, au tréfonds de mon âme. Quelle abomination. Des bâtisses avaient été mises à feu et à sang, on entendait des enfants pleurer, des animaux trépasser. Notre assaut devant durer plus d'une journée, détruisant en plus des victimes, une grande partie de l'aile droite du château. A la fin, de ce premier raide, de retour au campement, éreinté, et effondré, je fermais les yeux, pensant à Aaricia…

 

Aaricia :


Je m'étais réveillée le cœur léger, Lili était vivante même si en piteux état… Je ne savais pas combien de temps j'avais dormi, mais Laurelei m'accueillit sans aucun étonnement, comme à l'habitude. Mon sommeil avais sans doute était pareil aux autres soirs. Pendant le déjeuner que nous prîmes seules, je lui racontais ce que j'avais vu et l'emmenais ensuite dans la bibliothèque où je lui montrais le livre relié que j'avais trouvé auparavant. Elle regarda attentivement la couverture et m'expliqua, à mon grand étonnement, ce que cela signifiait. Il fut encore plus grand quand je me rendis compte de son état…. car l'ancien Elfique n'était une langue connue des seuls membres du Conseil des Sages qui latenait secrète. En voyant mes yeux grands ouverts qui la fixaient, elle me dit, les joues virant au rouge :
-J'ai été nommée il y a peu de temps, je voulais vous le dire lorsquenous serions toutes trois réunies … Mais, passons aux anneaux, il faut rejoindre Lili a présent .Nous devrons aller sur Opledhil…Prépare quelques affaires et rejoins moi , cela devra être discret et rapide .

Aussitôt dit, aussitôt fait, je pris le strict minimum avec moi et nous partîmes toutes deux rapidement… A la tombée du jour nous arrivâmes sur Opledhil, je rappelais comme a mon habitude le cheval blanc. Mais cette fois ci, celui-ci fut suivit d'un magnifique étalon noir aux yeux ardents .Nous montâmes sur les montures et partîmes au galop vers le château de Uhmak , en flamme , d'où s'élevait une épaisse fumée qui nous guida jusqu'à ses portes.

Le pont-levis était a terre et partiellement détruit, ainsi que les barricades et murs de défense .Des cadavres d'Orcs, de squigs, d'eluros et de firmirs jonchaient le sol maculé d'un sang noir et vert. Des essaims de mouches volaient au dessus des restes de cette boucherie, agitant, seules, le silence de plomb qui régnait en ces lieux. Le vent se mit alors a souffler et dit en un murmure " Venez… venez…. J'ai besoin de vous…. "Laurelei me regarda et me fit signe de me diriger vers le Nord-Ouest. Nous enfourchâmes a nouveau nos montures qui partirent en suivant le vent. Nous montâmes sur une petite colline d'où nous pûmes voir les alentours. Le spectacle était horrible : Au loin, le château de Lili en flamme, subissait les attaques de deux chefs d'armées et celle-ci semblait en difficulté…Nous ne pouvions traverser les lignes a cheval, nous risquions de nous faire tuer …

 

Je cherchais le moyen de pouvoir le contourner quand soudain apparu devant nous un magnifique dragon noir. Nos chevaux partirent au triple galop en poussant des hennissements de terreur alors que je me cachais derrière Laurelei .Protection inutile …Celle-ci ne se montra pas effrayée, me montrant la passivité et l'inoffensivité de la fantastique créature. 
-" Voila notre moyen de locomotion. "Me dit-elle en souriant.

 

Nous escaladâmes tant bien que mal sur son dos rugueux et nous accrochâmes à ses longues écailles lorsqu'il s'envola .Cette sensation de liberté fit naître un sourire sur mes lèvres et je me promis de réitérer ce genre de vol. Le vol gracieux et silencieux du dragon qui passa au dessus des nuages, nous fit voir l'étendue des armées ennemies et celle quasi inexistante de Lili Le dragon se posa doucement sur le sol, dans la cour du château, tellement discrètement que personne ne remarqua notre présence. Nous en profitâmes pour nous diriger vers la tour principale.


Thorgal :


Pendant qu'Aaricia et Laurelei tombèrent sur un scribe en train d'essayer de faire marcher le feu pour l'huile bouillante dans la tour du château de Lili, toutes les troupes de la coalition s'en étaient allé à l'assaut du château d'un des seigneurs Orc. Elle était venue nous rejoindre avec toutes ses troupes, et avait conscience du risque qu'elle
prenait.

Le soleil commençait à se coucher sur les plaines d'Opledhil, et un pressentiment étrange m'envahissait face aux combats des danseurs de guerres de mon amie, formés à déstabiliser l'adversaire en des transes hors du commun. J'avais envoyé mon meilleur dragon à la rencontre d'Aaricia, je la savais sur le continent, mais le danger en cette époque sombre étant partout, je priais pour qu'elle ne tombe pas sur un Shaman aux pouvoirs démoniaques, ou même un chasseur de géant au cœur de pierre.

Je posais mon regard sur les troupes en train de saccager les premiers rang du château de Nepher K'aan, lorsque je commençais à prendre conscience du déroulement des événements. Nous avions vaincu sur les terres d'Uhmak, puis nous allions faire plier de nouveau un seigneur, mai ceux-ci avaient des amis, et en les attaquant nous nous faisions des ennemis. Jusqu'ici tout avait été finalement assez simple, mais comment allait être la suite ? Certains des seigneurs qui étaient à mes cotés allaient les jours, les semaines, mois prochains, passer à trépas, ou tout du moins, devoir fuir et rejoindre d'autres terres. J'avais d'ailleurs commencé sur les abords de mon domaine, à affréter des bateaux pour mes amis, et leurs peuples désireux de les suivre. Le sir Wonderstephane, avait l'épée de Damoclès qui pesait sur sa tête, et Lili avait émis le désire que je lui prépare le sien afin qu'elle puisse retrouver le lieu où son Uhmak s'était retrouvé. Je posais maintenant les yeux sur elle. Ses cheveux flottaient au vent, libre comme sa volonté d'être. Elle ne m'avait pas tenu rigueur du destin funeste qui avait été tracé, et je voyais en elle une véritable amie. Mes yeux de nostalgie sur la première rencontre s'embuèrent. Tout été allé si vite, je n'avais pu profité d'aucun lien tissé le long de se périple, où peut importe finalement la fin… seul le voyage compte… Supramichoko vint me trouver avec le seigneur Kash à ses cotés

"Ami Thorgal, c'est l'heure de l'assaut finale…"

Le vent semblait claquer sur les pierres du château, l'air se faisait lourd, un orage se préparait. Je me mis debout, éteignit le feu devant lequel je m'étais assis. Les vapeurs qui émanaient de braises picotaient mes yeux, je m'en servi comme excuse pour expliquer la larme qui coulait sur ma joue, devenant à peine visible dans le pénombre qui s'installait.

"Miss Lili ? Que, quoi comment, je ne vous ai jamais vu ici vous ?"
Le scribe faisait les gros yeux, éberlués de voir deux princesses encore dans le château…
"Nous sommes ses sœurs mon brave, nous sommes venus à son secours…"
"Je crains que vous ne puissiez rien faire ici… et elle n'est pas ici, elle est partie vers l'est, à l'assaut de terres…"

Il y avait dans sa voix un mélange d'anxiété et de fatigue, les deux se provocant mutuellement, il était le pale reflet de lui même….

Aaricia : "Euh, vous vous trompez, c'est là où…." "BRAAAAAAA !!!!!…" Un cri sourd se fit entendre, un de ses cris de la mort qui s'insinue par la peau pour en ressortir après avoir fait tremblé chaque parcelle. Tous sursautèrent. Aaricia et Laurelei comprirent qu'elles n'avaient le temps d'user de leur pouvoir et prirent leur jambe à leur coup. Lorsqu'elles furent près du dragon, elles purent voir celui-ci en train de repousser tant bien que mal, des créatures à la peau sombre et velues. Elles se dépêchèrent de monter sur son dos, et lorsque ce fut fait, il s'envola aussitôt, échappant de peu à des boules de feu et des géants qui avaient passé avec facilité le barrage de fortune. Dans le ciel, elles eurent du mal à éprouver à nouveau le plaisir du vol du dragon. En bas des toits étaient en feu, des murs perçaient, des cadavres s'entassaient, rougissant le sol. Bravant le vent et l'orage qui se préparait, elles arrivèrent au lieu où Lili et moi étions. Nos troupes prenaient largement le dessus, et l'ennemi commençait à prendre fuite.

Je me retournais et je vis …"Aaricia !!!!! "

Aaricia : "Thorgal, attention ! À droite !!!!…."

Oups, un moment d'inattention et j'avais failli goutter la boule de glace d'un élémentaire invoqué. Un tour de passe-passe, puis tout rentra dans l'ordre… La victoire était à nous… Je pu voir mes paladins en compagnie de danseurs de guerres et chasseur de géant, pourfendre, que dis je, atomiser les derniers combattants ennemis, courageux, ou inconscient, au choix… Aaricia et moi courrions l'un vers l'autre. Lili se tourna vers ses sœurs; et compris en voyant le visage de Laurelei, le sort qui avait touché ses sujets. Elle essayait de garder la tête haute, mais la tristesse présente fut la plus forte, elle se mit à pleurer dans les bras de ses sœurs. Après avoir réussi à la consoler, lui avoir promis de l'amener près de Uhmak, je me mis à genoux devant Aaricia… 
"Je t'ai  envoyé ce dragon, il est à toi maintenant… c'est mon premier cadeau, le second c'est ceci… j'espère que…" Je me tu… il ne fallait pas que je gâche cet instant… je détacha un collier porte bonheur qu'il y avait autour de mon cou. Les deux perles d'amour avaient été placées au creux d'une bague, que je lui tendis…


"Toi qui comble les rues de mon âme,
Toi qui a fait s'embraser l'oriflamme,
Toi qui…"


Lili : "Abrège Thorgal, on va pas moisir ici, il commence à faire froid…"

Je commençais à perdre contenance, à perdre souffle, je sentais que j'allais bégayer quand Aaricia me pris les deux mains, et me regarda avec un regard emplit … d'étoiles… Thorgal : "… Aaricia, veux tu m'épouser ?"


Aaricia :


Des larmes de joie se mirent à couler de mes yeux, tandis que je m'élançais dans ses bras.

" Oui ! Oui ! Oui ! Mille fois oui !!! "

Et je l'embrassais tendrement…

Quelques temps passèrent…Nous nous mariâmes peu de temps après et dans la douceur de notre amour, je donnais naissance a notre premier enfant, un fils. Lili retrouva Uhmak (presque entier) et la joie et les sourires renaquirent sur son visage. Laurelei, malgré nos supplications, ne voulu point laisser Alcadhil sans dirigeant et rejoint notre terre natale rapidement en nous faisant la promesse de revenir souvent nous voir.

Maintenant je vis heureuse auprès de l'homme que j'aime et 'attends un second enfant, qui, je l'espère, connaîtra la joie que j'éprouve chaque instant….



© Thorgal & Aaricia in love